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Chaleur au travail : ce que change le décret du 27 mai 2025

Canicules, chantiers arrêtés, salariés épuisés… Ces dernières années, la chaleur n’est plus un simple inconfort : c’est un risque professionnel majeur, en particulier pour les métiers de terrain comme le jardinage. Depuis le 27 mai 2025, un nouveau décret encadre strictement les obligations des employeurs face à ce danger croissant. Qui est concerné ? Que faut-il mettre en place ? Quels risques en cas de manquement ? Jardiniers SAP vous dévoile aujourd’hui toutes les infos à savoir sur le dernier décret !

Le décret du 27 mai 2025 en résumé

Le décret du 27 mai 2025 s’inscrit dans un contexte de renforcement général des obligations des employeurs en matière de santé au travail, en particulier face aux risques climatiques. Ce texte précise les mesures à prendre pour prévenir les risques liés aux fortes chaleurs, désormais considérées comme un facteur de risque professionnel à part entière.

Trois axes principaux structurent ce décret :

 

  • L’évaluation systématique du risque chaleur dans le DUERP (Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels), désormais obligatoire pour tous les employeurs disposant d’au moins un salarié. Ce risque doit être intégré au même titre que les autres risques professionnels (chutes, bruit, exposition chimique, etc.).
  • L’obligation d’adapter les conditions de travail en cas de fortes chaleurs. Cela inclut les aménagements d’horaires, l’organisation des pauses, les équipements de protection ou encore la suspension temporaire d’une activité jugée trop exposée.
  • L’obligation d’informer et de prévenir les salariés. L’employeur doit former ses équipes aux gestes à adopter, aux signes de coup de chaleur, et afficher ou diffuser les consignes de prévention.

Obligations concrètes pour les employeurs

Avant les périodes chaudes

Les employeurs doivent anticiper les périodes estivales. Cela commence par une mise à jour du DUERP avec une analyse spécifique du risque chaleur. Ce travail doit permettre d’identifier les postes exposés (par exemple : entretien de jardins en plein soleil, taille de haies en zone non ombragée, élagage…), de qualifier le niveau de risque (fréquence, gravité) et de définir des mesures correctives à mettre en œuvre.

 

Il s’agit également de planifier les mesures de prévention : constitution de stocks d’eau potable, organisation de zones d’ombre ou d’abris mobiles, sensibilisation des chefs d’équipe, organisation d’un roulement ou d’une répartition des tâches pour éviter l’exposition prolongée.

Pendant les épisodes de vigilance météo

Le décret prévoit des mesures différenciées selon les niveaux de vigilance émis par Météo France.

 

  • Vigilance jaune : premiers signes d’alerte. Les employeurs doivent mettre à disposition de l’eau fraîche, organiser des pauses plus fréquentes à l’ombre, et éviter les efforts physiques intenses pendant les heures les plus chaudes.
  • Vigilance orange ou rouge : la situation devient critique. Des adaptations fortes sont exigées. Il peut s’agir de modifier les horaires de travail (démarrage très tôt le matin, arrêt en début d’après-midi), de réduire la charge physique des tâches, ou même de suspendre temporairement certaines interventions jugées dangereuses pour la santé des salariés.

Communication auprès des équipes

Informer les salariés est une obligation centrale. L’employeur doit s’assurer que chaque membre de l’équipe est capable d’identifier les signes de malaise liés à la chaleur (maux de tête, fatigue extrême, nausées, vertiges, peau sèche, etc.) et de connaître les gestes à adopter. L’affichage des consignes sur les lieux de travail ou dans les véhicules d’intervention est recommandé, ainsi que la formation rapide des encadrants et responsables de chantier.

Adaptations recommandées sur les chantiers extérieurs

Pour les entreprises du paysage, l’adaptation passe d’abord par une organisation intelligente du chantier.

 

  • Horaires aménagés : privilégier le travail très tôt le matin ou en fin de journée. L’activité peut parfois être suspendue durant les heures les plus chaudes.
  • Pauses régulières à l’ombre : prévoir des temps de récupération toutes les 45 minutes à 1 heure en période de forte chaleur.
  • Hydratation : mettre à disposition de l’eau fraîche en quantité suffisante (au moins 3 litres par jour par personne en cas de chaleur). L’accès à l’eau doit être immédiat, sans déplacement contraignant.
  • Tenues adaptées : préférer des vêtements légers mais couvrants, qui protègent des UV tout en laissant le corps respirer. L’usage de casquettes, lunettes de soleil, et crèmes solaires est fortement recommandé.
  • Brumisateurs, ventilateurs portables, abris mobiles : ces équipements ne sont pas obligatoires, mais leur usage devient fréquent dans les entreprises soucieuses de la santé de leurs salariés.
  • Travail en binôme ou en roulement : cette organisation permet une surveillance mutuelle et limite l’exposition continue d’un même salarié.

En cas de contrôle ou d’accident : ce que l’employeur risque

Les employeurs sont responsables de la santé et de la sécurité de leurs salariés. En cas de contrôle par l’inspection du travail, plusieurs éléments peuvent être vérifiés :

  • La présence d’un DUERP à jour, incluant le risque chaleur.
  • La traçabilité des actions de prévention : affiches, communications internes, aménagements observables sur site.
  • Les équipements mis à disposition des salariés.

En cas d’accident du travail lié à une exposition excessive à la chaleur (coup de chaleur, malaise, déshydratation sévère…), l’entreprise peut être tenue responsable, surtout si des manquements sont constatés. La faute inexcusable de l’employeur peut être reconnue si l’accident survient alors que le risque était connu et mal géré.

DUERP : un outil obligatoire… pour les employeurs

Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels est obligatoire dès le premier salarié. C’est un outil structurant qui permet d’identifier, hiérarchiser et prévenir les risques dans l’entreprise.

Il doit être :

  • Mis à jour au moins une fois par an
  • Actualisé à chaque modification des conditions de travail (ex : nouveaux équipements, nouveau personnel)
  • Complété à chaque évolution réglementaire, comme c’est le cas avec ce décret.

Le risque “chaleur” doit désormais faire l’objet d’une fiche dédiée dans ce document, avec : 

  • L’identification des postes exposés
  • Le niveau de risque estimé (en croisant la fréquence d’exposition et la gravité)
  • Les mesures de prévention à mettre en œuvre (organisationnelles, techniques, humaines)

Les employeurs sont encouragés à formaliser leurs actions dans un plan de prévention, traçable et transmissible aux autorités si besoin.

Anticiper, c’est protéger ses équipes, mais c’est aussi préserver la continuité de ses chantiers et la réputation de son entreprise. Face aux épisodes de chaleur de plus en plus fréquents, les professionnels du paysage ont tout intérêt à intégrer la prévention comme un véritable levier de performance. En agissant avec méthode et responsabilité, ils s’affirment non seulement comme des employeurs soucieux de la santé de leurs salariés, mais aussi comme des acteurs fiables et prévoyants dans un secteur en pleine mutation.

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